Travail sur les ressources en thérapie

travail sur les ressources en thérapie – illustration clinique

Dans la prise en charge des traumatismes psychiques, notamment dans des approches comme l’EMDR ou l’ICV, le travail sur les ressources en thérapie constitue la base de la stabilisation. Cette étape essentielle vise à restaurer la capacité de la personne à se sentir en sécurité dans l’instant présent en développant et en renforçant les ressources internes et externes nécessaires au retour dans la fenêtre de tolérance.

Qu’est-ce que le travail sur les ressources en thérapie ?

En psychologie clinique, les ressources correspondent aux éléments internes et environnementaux qui aident une personne à réguler son activation émotionnelle, à faire face à la détresse et à maintenir un fonctionnement stable.
L’objectif de leur mobilisation est de générer des états corporels et émotionnels sécurisants, indispensables dans la stabilisation post-traumatique.

  • Ressources internes : compétences, qualités, souvenirs positifs, activités maîtrisées, imagination, projections positives.

  • Ressources externes : entourage, lieux familiers, routines, organisation, soutien thérapeutique.

Développer ces ressources permet au patient d’accéder à un sentiment d’ancrage, de sécurité et d’efficacité personnelle, nécessaire avant tout travail d’intégration traumatique.

I. Classification des ressources (Suzette Boon)

La classification de Suzette Boon constitue un outil clinique précieux pour identifier l’ensemble des ressources disponibles. Elle différencie pour chaque domaine une dimension interne (capacité intrinsèque) et une dimension externe (soutien environnemental).

Catégorie de Ressource

Partie Interne (Capacité en Soi)

Partie Externe (Soutien Environnemental)

Relationnelle

Capacité à créer et maintenir le lien, empathie, co-régulation auto-induite (souvenir d’un lien sécurisant).

Relations soutenantes (amis, famille, thérapeute), communautés.

Somatique (Corporelle)

Capacité à s’ancrer, gestes auto-apaisants, sensation de force physique.

Activité physique structurée (sport, yoga), environnement sensoriel apaisant.

Émotionnelle

Capacité à tolérer et nommer ses émotions, sens de l’humour, joie.

Musiques/films évoquant des émotions positives, co-régulation (apaisement par l’autre).

Intellectuelle

Savoir, curiosité, capacité d’analyse, résolution de problèmes.

Études, livres, accès à l’information et à la connaissance.

Artistique/Créative

Imagination, talent créatif (dessin, écriture, musique), capacité à s’exprimer.

Lieux culturels (musées), instruments de musique, matériel d’art.

Matérielle

Avoir des objets personnels réconfortants ou symboliques.

Sécurité financière, logement stable, organisation du temps (routines).

Psychologique

Estime de soi, image corporelle positive, espoir, projections positives (futur).

Soutien psychologique professionnel (le thérapeute lui-même).

Spirituelle/Nature

Croyances, valeurs personnelles, sens de la vie, méditation.

Lieux de culte, contact avec la nature (forêts, mer).

II. Comment activer les ressources dans le travail sur les ressources en thérapie ?

Le travail sur les ressources en thérapie n’est pas une simple réflexion : il implique des expériences corporelles et relationnelles qui modifient l’état physiologique du patient.

A. L’activation expérientielle au service du travail sur les ressources (Ogden & Fisher)

Pour être réellement efficaces, les ressources doivent être ressenties.
L’activation expérientielle repose sur la focalisation sur les sensations corporelles associées au souvenir ou à l’activité soutenante.

  • Processus : le thérapeute invite le patient à observer les modifications somatiques (respiration, détente, posture) lorsque la ressource est évoquée.

  • Effet : cela active le système parasympathique, apaise l’hyperactivation et génère des expériences de sécurité corporelle nécessaires à la stabilisation.

B. Ancrage, mouvement et co-régulation dans le travail sur les ressources

Ces mécanismes sont au cœur de la stabilisation post-traumatique.

  • Ancrage : recentrage sur les sensations immédiates pour revenir dans l’instant présent.

  • Mouvement : mobilisation corporelle pour décharger l’énergie de survie bloquée et restaurer un sentiment de compétence physique.

  • Co-régulation : la présence d’une figure stable (souvent le thérapeute) permet d’ajuster l’activation émotionnelle grâce à un système nerveux sécurisant.

C. Actualiser le passé compétent pour renforcer le travail sur les ressources

Une partie du travail consiste à identifier les stratégies adaptatives développées dans l’histoire du patient.
Certains mécanismes de survie comme l’hypervigilance peuvent devenir, en contexte sécurisé, de véritables compétences (intuition, sens du détail, capacité d’anticipation).
Cette relecture renforce le sentiment d’efficacité personnelle, élément clé du travail sur les ressources.

III. La part sécure : objectif central de la stabilisation

La Part Sécure représente le noyau interne stable du sujet : la capacité à se réguler, à se sentir en sécurité et à distinguer le passé traumatique de la réalité actuelle.

La stabilisation vise à :

  • renforcer cette part stable,

  • lui permettre de contenir les états du moi plus vulnérables,

  • préparer l’accès futur aux mémoires traumatiques de façon sécurisée.

Sans ce socle, tout travail d’intégration traumatique risquerait d’être trop déstabilisant.

Conclusion

Le travail sur les ressources en thérapie constitue la base de la stabilisation post-traumatique. En s’appuyant sur la classification de Suzette Boon et sur une activation expérientielle sensorimotrice (Ogden & Fisher), le clinicien aide le patient à renforcer sa Part Sécure.
Cette stabilité retrouvée est indispensable pour aborder l’intégration des souvenirs traumatiques dans un cadre sûr et structuré.

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Article complémentaire pour apprendre les bases de la régulation émotionnelle et des exercices simples pour revenir dans sa fenêtre de tolérance.

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EMR_ICV_TCC

PS : Ce que je vous partage dans ces articles de blog sont des ressources que je donne en séances et/ou en devoirs à la maison. Mon objectif est de vous les partager pour vous familiariser avec les principes des TCC et vous permettre de comprendre leur fonctionnement. Bien que ces ressources puissent suffire à améliorer votre bien-être, certaines personnes peuvent avoir besoin d’un accompagnement plus personnalisé et de soutien pour les mettre en pratique. Si vous êtes dans cette situation, je vous encourage vivement à consulter.  

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