La fenêtre de tolérance : comprendre et réguler ses états émotionnels

Illustration de la fenêtre de tolérance : zone d’équilibre émotionnel entre hyperactivation et hypoactivation.
La fenêtre de tolérance est une zone d’équilibre du système nerveux. Elle aide à comprendre pourquoi nos émotions débordent parfois et comment apprendre à se réguler au quotidien.

La fenêtre de tolérance est un concept clé en psychologie du psychotraumatisme. Elle permet de comprendre vos réactions émotionnelles face au stress et aux traumatismes.
Elle représente l’état dans lequel vous êtes capable de gérer les stimuli émotionnels sans être submergé.
Dans cette zone, le corps et le mental restent connectés : les émotions sont présentes mais tolérables. Elles peuvent être pensées, exprimées et régulées sans débordement.

Cependant, après un traumatisme, votre fenêtre de tolérance peut se rétrécir, rendant les fluctuations entre hyperactivation (agitation, anxiété, panique…) et hypoactivation (fatigue, déconnexion, vide intérieur…) plus fréquentes et intenses.
Dans ces moments, le système nerveux réagit parfois comme s’il était en mode “survie,” même lorsqu’il n’y a plus de danger réel.

Que vous soyez en hyperactivation (pensées envahissantes, tension, émotions intenses…) ou en hypoactivation (ralentissement, dissociation, épuisement…), apprendre à repérer vos déclencheurs et à utiliser des outils de régulation peut vous aider à retrouver votre équilibre.
Cela est d’autant plus important dans un contexte de psychotraumatrisme où ces fluctuations peuvent être particulièrement marquées.

Qu'est-ce que la fenêtre de tolérance

Le psychiatre américain Daniel Siegel a introduit la notion de Window of Tolerance pour décrire la zone d’équilibre du système nerveux autonome.
Dans cette fenêtre, nous pouvons ressentir, réfléchir, parler et agir de manière cohérente.

C’est un état dans lequel :

  • le stress reste gérable,

  • la pensée et la parole restent fluides,

  • la relation à soi et aux autres demeure cohérente.

Sortir de cette fenêtre signifie que le système nerveux entre en mode survie : il protège au lieu de réfléchir.

Les deux formes de dérégulation : hyperactivation et hypoactivation

 🔺 L’hyperactivation : le mode “alerte”

 Votre corps s’emballe pour réagir :

  • respiration rapide, cœur qui bat fort ;

  • agitation, anxiété, colère, panique ;

  • pensées rapides ou confuses.

Le système nerveux croit devoir se défendre d’un danger, même s’il n’existe pas.

🔻 L’hypoactivation : le mode “figement”

Lorsque le stress devient trop intense, le corps se coupe :

  • sensation de vide, dissociation, grande fatigue ;

  • ralentissement, voix éteinte, perte d’élan.

C’est une stratégie de protection automatique : le corps “débranche” pour ne plus ressentir.

Un exemple concret : quand le corps prend le dessus

En séance, il arrive qu’une personne parle calmement, puis, soudain, tout change.
Sa respiration se bloque, le regard devient fixe, ou au contraire, l’agitation s’installe.
Ce n’est pas une perte de contrôle, mais une réaction réflexe du système nerveux.

Le cerveau rationnel “se met en pause” pour laisser place à la survie.
Dans ces moments, poursuivre le travail de parole n’est pas utile : il faut d’abord stabiliser pour revenir à l’intérieur de la fenêtre de tolérance.

Comment la fenêtre de tolérance est utilisée en thérapie

En psychothérapie, ce concept sert de repère clinique.
Le·la thérapeute observe les signaux corporels, émotionnels et relationnels pour adapter le rythme de la séance.
Quand les émotions deviennent trop fortes ou que le corps “lâche”, la priorité est de ramener la régulation avant d’approfondir.

Ce travail de stabilisation permet :

  • d’éviter la réactivation traumatique,

  • de renforcer le sentiment de sécurité,

  • de soutenir l’alliance thérapeutique,

  • et d’élargir progressivement la fenêtre de tolérance.

Les approches comme l’EMDR, l’ICV ou les techniques d’ancrage corporel s’appuient directement sur cette compréhension du système nerveux.

Comment utiliser la fenêtre de tolérance au quotidien

Connaître votre propre fenêtre vous aide à repérer les premiers signes de dérégulation.
Quelques repères simples :

📈 Signes d’hyperactivation :

  • respiration courte ou bloquée,

  • tension musculaire, agitation, pensées envahissantes.

📉 Signes d’hypoactivation :

  • voix faible, regard absent, impression d’être “éteint·e”,

  • sensation de vide ou de déconnexion.

Dès que vous percevez ces signaux :

  • faites une pause, ralentissez ;

  • revenez à votre corps (respiration, mouvement doux, étirement) ;

  • utilisez vos sens pour vous ancrer dans le présent ;

  • cherchez du soutien : un proche, une présence rassurante, votre thérapeute.

Ces gestes simples, répétés régulièrement, entraînent votre système nerveux à se réguler et élargissent votre capacité à rester dans votre fenêtre.

Ce qui fait varier la fenêtre de tolérance

Cette fenêtre n’est pas fixe : elle s’élargit ou se rétrécit selon plusieurs facteurs :

  • L’histoire personnelle et les traumatismes vécus,

  • Le niveau de stress et de fatigue actuel,

  • Le soutien émotionnel et social disponible,

  • La pratique de la régulation émotionnelle et corporelle.

Avec le temps, le travail thérapeutique permet de renforcer la capacité du système nerveux à s’apaiser, et donc de retrouver une stabilité émotionnelle durable.

Les bienfaits d’une fenêtre de tolérance élargie

Élargir sa fenêtre, c’est :

  • mieux gérer les émotions fortes,

  • rester présent·e à soi-même même sous stress,

  • renforcer sa résilience et sa confiance en soi,

  • retrouver une sensation de calme et de sécurité intérieure.

C’est un travail progressif, qui s’inscrit au cœur du processus thérapeutique.

En résumé

La fenêtre de tolérance n’est pas un état figé, mais un espace à apprivoiser.
Sortir de sa fenêtre n’est pas un échec : c’est une réaction du corps face à la surcharge.
Apprendre à la reconnaître, à s’y ramener et à l’élargir est une manière de retrouver la stabilité émotionnelle et de vivre en sécurité dans son propre corps.

A lire aussi

👉  Stabilisation émotionnelle : une étape essentielle en thérapie
Article complémentaire pour apprendre les bases de la régulation émotionnelle et des exercices simples pour revenir dans sa fenêtre de tolérance.

EMR_ICV_TCC

PS : Ce que je vous partage dans ces articles de blog sont des ressources que je donne en séances et/ou en devoirs à la maison. Mon objectif est de vous les partager pour vous familiariser avec les principes des TCC, de l’ICV et de l’EMDR et vous permettre de comprendre leur fonctionnement. Bien que ces ressources puissent suffire à améliorer votre bien-être, certaines personnes peuvent avoir besoin d’un accompagnement plus personnalisé et de soutien pour les mettre en pratique. Si vous êtes dans cette situation, je vous encourage vivement à consulter. 

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