TDAH ou autre chose ? L’importance du diagnostic différentiel

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Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental. Le TDAH entraîne souvent un handicap sévère et persistant résultant de niveaux élevés d’inattention, d’activité et de comportements impulsifs.

Les critères diagnostiques du TDAH

Chez l'enfant

Le TDAH débute dans la petite enfance (avant l’âge de 12 ans selon le DSM-5). Il est nécessaire d’observer une persistance des troubles durant au moins 6 mois et la présence des symptômes dans au moins deux contextes environnementaux différents de l’enfant, tel que la famille, l’école ou les loisirs, … Néanmoins, il peut être observé une fluctuation des symptômes en fonction des situations vécues par l’enfant. Pour que l’on puisse parler de TDAH, les symptômes doivent entraîner un retentissement sévère pour le quotidien de l’enfant qui percçoit souvent un décalage avec les autres enfants.

Chez l'adulte

Il faut une fréquence importante depuis plus de 6 mois d’au moins 5 critères sur les 9 dans le domaine de l’inattention et ou de l’hyperactivité impulsivité. Il est nécessaire également que ces symptômes aient pu être repérés dès l’enfance avant l’âge de 12 ans. Ces symptômes doivent se manifester dans plusieurs contextes de vie comme le travail, la vie de famille, les loisirs avec un retentissement significatif sur le fonctionnement quotidien de la personne. Ce dysfonctionnement ne doit pas pouvoir s’expliquer par un autre trouble ou une autre maladie.

Le TDAH se présente sous trois formes :

Le profil inattentif (souvent appelé TDA) : difficultés de concentration, oublis fréquents, impression de rêverie permanente.

Le profil hyperactif-impulsif : agitation motrice, besoin de bouger, difficulté à attendre ou à freiner ses réactions.

Le profil mixte : associant les deux précédents.

Chez l’adulte, l’hyperactivité physique peut s’atténuer, laissant place à une agitation intérieure ou à une instabilité émotionnelle difficile à canaliser.

Le diagnostic différentiel du TDAH

Le diagnostic de TDAH est un diagnostic différentiel. Avant de se prononcer sur ce trouble, il convient d’éliminer les autres causes explicatives d’une agitation, d’une impulsivité ou d’un défaut d’attention car ces symptômes ne sont pas spécifiques à ce trouble.  Souvent le diagnostic est compliqué et plus particulièrement à l’âge adulte. C’est pourquoi une évaluation rigoureuse est essentielle.

Dans quels autres troubles peut-on trouver des symptômes similaires au TDAH ?

TDAH ou trouble anxieux ?

Chez certaines personnes, les difficultés de concentration, l’agitation ou d’autres formes de dérégulation peuvent relever d’un trouble anxieux plutôt que d’un TDAH. Lors de l’évaluation diagnostique, il est donc essentiel de rechercher d’éventuels antécédents familiaux d’anxiété et d’examiner si les symptômes sont apparus récemment et en lien avec un stress spécifique ou un événement déclencheur.
L’évolution naturelle du TDAH tend à une intériorisation progressive des symptômes ce qui peut favoriser l’émergence secondaire de l’anxiété. Par ailleurs, vivre avec un TDAH expose souvent à des expériences négatives répétées (échecs, conflits, mésententes) et l’anxiété peut alors apparaître comme une stratégie de compensation : pour tenter de prévenir les conséquences de son impulsivité, la personne développe un contrôle interne rigide au prix d’une tension constante.
Une fois que l’anxiété est installée, les capacités attentionnelles peuvent être altérées de manière significative. Cette comorbidité, anxiété et inattention, fragilise l’estime de soi, compromet les performances scolaires ou professionnelles, et alimente un sentiment de découragement ou d’échec.

TDAH ou Dépression ?

l existe un chevauchement considérable entre les tableaux cliniques du TDAH et de la dépression. Les personnes souffrant de dépression sans TDAH associé, peuvent présenter une inattention transitoire, des difficultés de concentration, des troubles de la mémoire à court terme, de l’irritabilité, de l’impulsivité, de l’agitation, des troubles du sommeil voire un besoin d’être en mouvement.

La distinction repose toutefois sur deux éléments fondamentaux :

  1. La tonalité affective : la dépression s’accompagne d’une humeur triste ou dysphorique, et surtout d’une anhédonie, une perte de la capacité à ressentir du plaisir.
  2. Le cours temporel des symptômes : les épisodes dépressifs sont généralement circonscrits dans le temps alors que les atteintes attentionnelles du TDAH sont chroniques et persistantes. Une faible concentration liée à un épisode dépressif se différencie des difficultés durables d’attention soutenue, d’impulsivité et d’organisation caractéristiques du TDAH qui sont présentes même en l’absence de symptômes thymiques.

Lorsqu’une personne présente une faible estime de soi ou une humeur dépressive, une évaluation approfondie du risque suicidaire est investiguée. Il est fréquent que les personnes avec un TDAH aient traversé des expériences d’échec répétées pouvant conduire à un état de démoralisation, une dysthymie ou une véritable dépression. Dans ces cas, les deux troubles coexistent.

Enfin, certaines manifestations du TDAH peuvent être prises à tort pour des signes de trouble de l’humeur : un manque de motivation peut être confondu avec de l’anhédonie et un sommeil agité ou des difficultés chroniques d’endormissement peuvent ressembler à l’insomnie secondaire à une dépression majeure.

TDAH ou psycho traumatismes ?

Certaines histoires de vie marquées par des traumatismes, en particulier les traumatismes précoces, répétés ou complexes, peuvent produire des symptômes qui ressemblent à ceux du TDAH : distractibilité, impulsivité, instabilité émotionnelle, troubles de la mémoire de travail et difficultés attentionnelles. Chez ces personnes, ce n’est pas un trouble neurodéveloppemental qui est en cause mais une désorganisation émotionnelle et cognitive en lien avec un passé traumatique non intégré.
Les enfants ou adultes ayant vécu dans un climat de négligence, d’insécurité ou de violences (psychologiques, physiques ou sexuelles) peuvent développer un état d’hypervigilance chronique. Le cerveau reste alors en alerte, guettant un danger potentiel, ce qui perturbe la concentration, la régulation des émotions et le lien à soi. Ce tableau peut facilement être confondu avec un TDAH alors même qu’il s’agit d’un trouble de l’attachement ou d’une conséquence du trauma.
Dans ce contexte, des approches thérapeutiques centrées sur le traitement du traumatisme psychique, comme l’EMDR ou l’ICV (Intégration du Cycle de la Vie), sont souvent plus appropriées. Elles permettent de traiter les expériences passées restées bloquées dans le système nerveux et de réduire les symptômes envahissants qui miment un TDAH sans en être un. L’apaisement retrouvé dans ces prises en charge est souvent révélateur : les troubles ne relèvent pas d’un trouble du neurodéveloppement, mais d’un vécu traumatique ayant désorganisé les fonctions d’autorégulation.

TDAH ou troubles du sommeil ?

Selon les études, 25 à 50 % des enfants et plus de la moitié des adultes atteints de TDAH souffrent également de troubles du sommeil. Or, le sommeil joue un rôle central dans les fonctions cognitives, l’apprentissage et la régulation émotionnelle. Une privation chronique de sommeil tout comme une altération de l’architecture du sommeil peuvent entraîner des manifestations variables en intensité allant d’une baisse discrète des performances cognitives à une fatigue et une somnolence marquées impactant fortement les capacités attentionnelles, émotionnelles et physiques. Avec le manque de sommeil, des troubles de la concentration, de l’irritabilité, de l’agitation voire une démotivation peuvent être également présents. Ces symptômes ne relèvent pas d’un trouble neurodéveloppemental mais d’un organisme en dette de récupération. Si vous souhaitez en savoir plus sur le sommeil vous trouverez ici un article.

Des troubles du rythme veille-sommeil (comme un retard de phase), des insomnies secondaires à un stress chronique ou encore des micro-réveils non perçus peuvent ainsi perturber profondément le fonctionnement diurne. Dans certains cas, la plainte attentionnelle n’est que le signal d’alerte d’un besoin physiologique non comblé. C’est pourquoi, au cours du  bilan explorant un éventuel TDAH il est nécessaire d’investiguer la question du sommeil.

En conclusion :

Le TDAH est un trouble réel et souvent invalidant, mais il partage de nombreux symptômes avec d’autres difficultés psychiques comme l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil ou les traumatismes non résolus. Cela peut rendre le diagnostic complexe, surtout à l’âge adulte.

C’est pourquoi il est essentiel de prendre le temps d’une évaluation approfondie. Identifier l’origine des symptômes permet de ne pas se tromper de direction, et d’adapter l’accompagnement à la réalité de chacun.

EMR_ICV_TCC

PS : Ce que je vous partage dans ces articles de blog sont des ressources que je donne en séances et/ou en devoirs à la maison. Mon objectif est de vous les partager pour vous familiariser avec les principes des TCC, de l’ICV et de l’EMDR et vous permettre de comprendre leur fonctionnement. Bien que ces ressources puissent suffire à améliorer votre bien-être, certaines personnes peuvent avoir besoin d’un accompagnement plus personnalisé et de soutien pour les mettre en pratique. Si vous êtes dans cette situation, je vous encourage vivement à consulter. 

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Je suis Sophie, psychologue, psychothérapeute et conseillère conjugale. J'ai pour ambition, avec ce blog, de vous partager mes connaissances en santé mentale. Vous pourrez y découvrir astuces, conseils et théories psychologiques

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